Les Racines
La musique noire américaine a des racines plongées dans les traditions européennes et africaines.
A peine arrachés à leur terre, sur les navires des négriers, les captifs chantent, et en eux subsiste le souvenir de cette Afrique riche de ses coutumes et de ses traditions qui associe intimement le chant à toutes les circonstances de la vie : naissances, deuils, jeux, prières, travaux, guerre et amour…
L’arrivée des premiers esclaves africains sur le continent américain a lieu dès 1619 et prend un essor fulgurant au XVIIIème siècle.
Victime du déracinement de leur terre d’origine, ils vont transporter leur histoire au travers de leur musique et de leurs chants. Ils organisent de grands regroupements auxquels se joignent également des blancs : les camp meetings , au cours desquels ils vont chanter et danser.
L’apprentissage des chants se fait par répétition : le chef de chant énonce une phrase que reprend l’assemblée. C’est ce que l’on appelle le « lining out » puis plus tard le « call and response » (appel et réponse).
C’est ainsi que naît au XVIIIème Siècle le Negro-spiritual.
Le Negro Spiritual
Ce chant symbolise depuis toujours la voix et l’histoire d’un peuple opprimé dont la musique était le seul exutoire. De nombreux chants font allusion à l’arrivée des ancêtres sur le sol américain. Cette pratique du chant en choeur va se développer principalement dans les milieux ruraux, et s’exprimer principalement pendant les travaux des champs (importance du rythme, lenteur, absence d’orchestration…) et aussi pendant les messes dans les églises protestantes principalement (pentecôtistes, sanctifiées).
Ces textes sont essentiellement inspirés de la Bible mais parlent aussi de la vie quotidienne des esclaves (peines, épreuves, quête d’un foyer, voyages…). Ce sont avant tout des chants d’espoir. Richard Allen, pasteur de la première église méthodiste publie en 1801 un recueil de ces chants : « A collection of spirituals Songs and Hymns Selected from various Authors ».
Ce sont les Fisk Jubilee Singers, de jeunes étudiants, qui vont populariser cette musique en donnant un concert qui auront un immense succès au World Peace Jubilee de 1872.
Cela donne naissance aux « males quartets ».
Cet engouement pour le negro-spiritual va faire évoluer cette musique et donner naissance au Gospel, chant qui se différencie notamment par ses textes qui s’inspirent à présent du nouveau Testament.
Le chant devient plus rythmé et un accompagnement
instrumental est généralement ajouté.
C’est Charles-Albert Tindley (1851-1933), pasteur d’une église de Philadelphie, qui est considéré comme le premier auteur de Gospels. Il a écrit des dizaines de morceaux dont « We shall overcome », qui deviendra l’hymne de la marche pour les Droits civiques de Marthin Luther King en 1960.
L’avènement du gospel
Le gospel prend son essor dans les années 1930 avec Thomas A. Dorsey (1899-1993). Il compose ses premiers gospels en 1917. Le plus célèbre qu’il a écrit s’intitule « Precious Lord, Take my hand », en 1932.
C’est à cette période que se développent les agressions du Ku Klux Klan avec la montée du racisme. Mais la culture noire commence à s’affirmer aux Etats-Unis, notamment au travers de la musique. Les chanteurs ou chanteuses de gospels, comme Aretha Franklin ou Mahalia Jackson ont de plus en plus de succès.
Aretha Franklin (1942) a intégré des styles plus modernes que le gospel et reproduisait avec son corps (voix, onomatopées, claquements de mains, de joues,….) les instruments de l’orchestre.
Mahalia Jackson (1911-1972), quand à elle, interprétera de nombreux gospels de Thomas A. Doresy qu’elle enregistrera par la suite.
De nos jours
Au cours du XXe siècle, Gospel et Spiritual donnent naissance au Blues, Rhythm and Blues, Jazz et Soul Music. En retour, le Gospel s’enrichit de ses mélodies pour parvenir jusqu’à nous. Le Gospel est aujourd’hui bien vivant, grâce à des groupes tels que Take 6.